Siège du Groupe Nestlé

HISTORIQUE / SITUATION

Elément majeur du patrimoine architectural romand. Image emblématique de la Société, lesiège de Nestlé occupe à Vevey une parcelle de40’000 m2, au bord du Léman. Achevé en 1960, lebâtiment conçu par l’architecte Jean Tschumi estunanimement reconnu comme un élément importantdu patrimoine architectural romand et il est inscritdepuis 1980 en classe 2 de l’inventaire des Monuments historiques.
Le site d’implantation, à l’ouest de Vevey, au lieu-dit “En Bergère” accueillait initialement le “Grand-Hôtel”,édifice dont la conservation, dans la première décen-nie de l’après-guerre, n’apparaissait pas – à l’inversede ce que cela serait aujourd’hui – comme un objectifmajeur et c’est tout naturellement qu’il a cédé laplace à une construction à haute valeur symbolique,représentative de la modernité et du dynamisme dela déjà très puissante multinationale.
Bâti sur un plan en Y, l’immeuble est conçu pour don-ner à chaque bureau la meilleure orientation possible,avec dégagement de la vue sur les environs, pour “offrir non seulement un ensemble fonctionnel satisfai-sant, mais aussi un ensemble qui comporte quelquepoésie, permettant de penser dans une ambiancerépondant au cadre prestigieux du Léman”.
Rapidement remarqué et distingué pour sa qualité, lebâtiment a fait, en 1961, l’objet d’une distinction dehaute valeur, le prix Reynolds, considéré comme le “Nobel de l’Aluminium”.
Moins de quinze ans après, les architectesBurckhardt et Partners ont dû s’atteler à la tâche ardue de doubler la capacité du Centre,alors que ni l’utilisation de la parcelle par lebâtiment Tschumi, ni le bâtiment lui-mêmen’avaient, à l’origine, été planifiés et organi-sés en vue d’une telle éventualité.La difficulté, renforcée par le caractère déjàsacralisé de l’Y, résidait non seulement dans le choix d’une implantation cohérente avec l’existant, mais aussi dans celui d’un styled’architecture et d’une adéquation fonction-nelle compatibles.
Le résultat des recherches menées dans cetesprit a valu l’adoption d’une constructionen limite Est de la parcelle, de même hau-teur que l’immeuble existant et tenue volon-tairement en retrait par rapport à ce dernier.L’ensemble définit ainsi une “cour-jardin”,espace vert souligné par le bâtiment, tournévers le lac.
En 1996, le célèbre Y approchait déjà laquarantaine. Si son architecture intempo-relle lui permettait toujours de refléter lesvaleurs symboliques de l’entreprise, sasimplicité, son authenticité et son pragma-tisme, il présentait des lacunes dues auvieillissement des installations techniqueset des façades, notamment. D’autre part,l’évolution des besoins en matière d’es-paces et de fonctionnalité militait en faveur d’un réaménagement d’importance.
Ces conjonctions entre actualité esthétique,pérennité stylistique et obsolescence tech-nique ou fonctionnelle ont été le moteur de larénovation achevée en 2000, laquelle s’appuiesur l’ensemble de ces éléments pour donnercorps au projet, en contribuant à résoudrenombre de questions théoriques ou pratique.

PROGRAMME

Dépasser la technique et la fonction etfaire de l’architecture le reflet de l’espritde la Société, celui d’une vision huma-niste et généreuse.
Au-delà d’une volonté consistant à redonnerau bâtiment des qualités techniques et fonc-tionnelles en rapport avec les besoins d’au-jourd’hui, pour en faire un outil de travail effi-cace et performant, le Maître de l’ouvrage s’estattaché, dans la définition du programme, àfaire traduire dans les faits une vision à la foisréaliste et culturellement ambitieuse.
Il a ainsi voulu que l’ensemble du projet res-sorte d’un programme mis sur pied en lais-sant place à la réflexion créative quidépasse la technique et la fonction, pourpermettre à l’architecture d’être le reflet del’esprit humaniste et généreux de la Société.
La redoutable responsabilité consistant àdevoir mettre ces intentions en pratique pas-sait par une analyse approfondie, portant surla nature et les conditions d’interventions,accompagnée d’une réflexion critique surl’ensemble du Centre. A noter, à ce chapitre,l’intéressante collaboration entretenue avec leService des Monuments historique.
Ainsi le programme tient-il compte à la fois desexigences et des modalités de la nécessité detransformation, de rénovation ou de recons-truction à l’identique de certains éléments. En résumé, les objectifs généraux du programme visaient à la préservation desqualités architecturales du bâtiment en réno-vant ses façades pour leur permettre d’at-teindre de hautes performance techniques,en le dotant de faux-planchers techniquesaptes à l’accueil des nombreuses liaisonscâblées qu’exigent aujourd’hui les moyens detélécommunication, et en l’équipant de diffé-rents systèmes cohérents entre eux pour garantir à la fois une bonne gestion du climatintérieur et de l’énergie. Enfin, la redistribution des espaces de travail,leur adaptation aux contraintes modernes et l’établissement d’une liaison adéquate entreles deux bâtiments du Centre, définissent lesintentions principales portées au programmede la construction.
Celui-ci précise sévèrement les conditions demise en œuvre, lesquelles devaient permettrede garantir la continuité de l’exploitation duranttoute la phase de chantier. Un volet du pro-gramme vouait aussi une attention particulièreaux questions liées au développement durableet au traitement des matériaux rebutés.

PROJET

A la pointe de la technologie contem-poraine.
La conception des vitrages, nova-trice en 1960 ne les prédisposait toutefois pasà une bonne aptitude au vieillissement. Endépit d’un excellent entretien, toutes lesfaçades présentaient des déficiences rédhibi-toires, en fait d’étanchéité notamment.
Equipé par ailleurs d’un système de chauf-fage/climatisation par air pulsé, le bâtimentprovoquait des pertes énergétiques – et doncde coûts – inacceptables en regard desnormes et possibilités offertes par la tech-nique actuelle.
Ces constatations, ajoutées au désir de voirles espaces de travail maintenus et réaména-gés en les équipant de fonctions ultramo-dernes – dans le domaine des télécom-munications et de l’informatique plus particu-lièrement – intégrées et contrôlées de façoncentralisée, a conduit les concepteurs du pro-jet à proposer une rénovation lourde.
La solution retenue, dépose des faux-pla-fonds et des vitrages, équivaut à la mise à nucomplète de la structure. Cette dernière,composée de dalles en béton armé surcolonnes en béton armé au rez-de-chausséeet en métal dès ce niveau, a donc servi desupport à une reconstruction totale de l’enve-loppe et des équipements intérieurs.
Une telle solution laissait le champ libre àl’étude d’une conception cohérente desfaçades et volumes intérieurs, sans trahir enaucune manière les caractéristiques architec-turales originales du bâtiment, à l’intérieurcomme à l’extérieur.
On a, en particulier, pu intégrer des faux-pla-fonds refroidis par circulation d’eau glacéedans un circuit de diffusion, intégré auxplaques de plafonds. D’autre part, des faux-planchers techniques sont désormais insérésdans le gabarit disponible – restreint – de dalleà dalle, en vue de permettre l’installation desliaisons informatiques représentant quelque6’000 Km de câbles.
Cette option exigeait la mise à niveau desseuils d’ascenseurs, en basant l’ensemblesur le niveau des cages d’escaliers exis-tantes, réhaussées d’une marche. C’est direque la hauteur libre accordée a fait l’objetd’études et de recherches difficiles, s’agis-sant de satisfaire à de nombreux critèrescontradictoires.
Le remplacement des façades a égalementfait l’objet de longues discussions préa-lables. Elles ont débouché sur des solutions.
techniques élaborées sur mesure et nova-trices, répondant pleinement aux exigencesformulées, tant sur le plan des différentes.
techniques concernées que sur celui del’esthétique originale, entièrement restituée :le verre de couleur verte semi-réfléchis-sant/semi-absorbant, avec doubles vitragesclassiques, ouvrant en portefeuille et d’unnettoyage malaisé, doté de stores à l’accèsdifficile cède la place à des vitrages qui relè-vent de la technologie moderne. Ceci a per-mis d’améliorer considérablement les per-formances physiques de l’enveloppe et decontribuer ainsi pour une grande part, auxquelque 40 % d’économies d’énergie ther-mique attendues par rapport à l’état initial.
Les murs-rideaux sont constitués d’élémentsde 1,90 m de large par 2,80 m de haut, com-posés d’un triple vitrage dans lequel est inclusun store à lamelles. Ces éléments sont dedeux types : ouvrant à pivot central, avec ousans partie fixe avec allège. En tête de dalle etau niveau de l’acrotère, la finition en tôled’aluminium pliée comprend des éléments en“Grinatal” ancien alliage recréé par Alusuissepour la circonstance. Sur la façade sud, desgrands brise-soleil, construits par assemblagede plusieurs profils d’aluminium, sont accro-chés en projection de la façade.
La transmission d’énergie solaire est considé-rablement améliorée et constitue l’un desparamètres importants de la gestion techniquecentralisée (GTC) qui inclut le contrôle detoutes les fonctions du bâtiment, y compris lemouvement des stores et la lumière artificielle.Cette dernière nécessite de 60 à 70 % moinsd’énergie qu’antérieurement.
Quant aux installations de chauffage, ventilation,refroidissement, combinées entre elles et avecdes systèmes de récupération de chaleur surl’air extrait, également économes en énergie,elles contribuent à un supplément de confortdans la gestion et le réglage du climat intérieur.Par ailleurs, la sécurité du bâtiment est assu-rée par la détection incendie pré-existante, àlaquelle s’ajoute désormais un système d’ex-tinction automatique.
Toutes ces mesures, qui mêlent esthétique,architecture, et techniques de pointe, sontcomplétées par l’apport d’une solution d’im-portance majeure pour le fonctionnement ducomplexe : la création d’un centre de gravité,interface jusqu’ici peu satisfaisant, entre lesdeux bâtiments. Cet élément, qui a obtenu en2000 une distinction vaudoise d’architecture,respecte le parti de transparence imprimé parTschumi. Il permet de résoudre de façon élé-gante et astucieuse le problème de liaisonentre deux architectures, tout en offrant la pos-sibilité de compenser ingénieusement la déni-vellation croissante entre les étages, par unestructure en éventail.
De son côté, l’escalier “Chambord” à doublehélicoïde est désormais surmonté de la coupolevitrée voulue par Tschumi, que la technique de l’époque n’avait pas permis de réaliser.
En complément de ces interventions, une ligne de mobilier développée pour l’occasion par les architectes, équipe et complète de façon cohérente l’aménagement du bâtiment A.
Exemple de modernité lors de sa construction, le bâtiment rénové fait désormais aussi figure de référence en matière de rénovation/modernisation effectuée dans le respect des intentions originales.

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